LETTRE OUVERTE AUX PARLEMENTAIRES
Madame, Monsieur
Dans quelques jours vous aurez à vous prononcer sur une modification substantielle des accords de Nouméa, consistant à passer d’un corps électoral glissant pour l'élection du congrès et des assemblées provinciales au gel de celui-ci.
Nous avions déjà à l’époque exprimé notre désaccord sur cette rupture d'égalité entre Français établis sur la même partie d’un territoire de la République, situation d'autant plus grave que les provinces demeurent des collectivités territoriales de la République et que l'article 188 de la loi du 19 mars 1999 retirait le droit de vote à des nationaux français qui avaient depuis de très nombreuses années ancré sur cette île le centre de leurs intérêts matériels et moraux.
Or, il s’agit aujourd’hui, sans nouvelle consultation des Calédoniens, de vous faire voter une modification de ces accords souverainement entérinés par référendum. Outre le fait que cette nouvelle loi est juridiquement contraire à notre constitution, elle est aussi politiquement antidémocratique et moralement douteuse puisque directement issue d’un pacte secret passé entre Jacques Chirac, le RPCR-UMP et les indépendantistes. C’est si vrai que monsieur Néaoutyne (UNI-FLNKS) vient de reconnaître publiquement que cette question délicate ne devait pas être abordée avant les élections de 2004 pour ne pas perturber le scrutin, en accord avec les parties signataires.
On évoque à ce jour pour justifier cette forfaiture « la parole de l’Etat ». Nous vous rappelons solennellement que la seule parole que l’Etat se doit de respecter est celle des Calédoniens qui, en votant les accords de Nouméa, ont choisi un corps électoral glissant. Tout le reste relève d’une manœuvre dont le RPCR, les indépendantistes et Jacques Chirac portent l’entière responsabilité.
Enfin, il serait paradoxal que vous votiez ce projet de loi « gelant » le corps électoral en Nouvelle-Calédonie aux élections locales au moment où vos formations politiques se prononcent pour le droit de vote des immigrés en métropole, à ces mêmes élections.
Le Front National et les millions d’électeurs qu’il représente vous demandent avec force de respecter notre constitution et notre république française et, en conséquence, de rejeter ce projet de loi constitutionnelle qui, au-delà de la trahison morale qu’elle contient, peut s’avérer un précédent dramatique pour l’unité nationale. Il vous demande au minimum de consulter les Calédoniens sur cette question précise par la voie d’un nouveau référendum.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma haute considération.
Marine LE PEN
Vice-Présidente du Front National
Député Européen