fille de Jean-Marie Le Pen devrait jouer les premiers rôles dans la campagne 
présidentielle, mais Bruno Gollnisch compte toujours briguer la succession.
ENTRE LES CLANS Marine et Gollnisch, c'est la trêve. Signe que tout ne va pas mal entre le délégué général du FN et la vice-présidente, le dernier numéro de l'Aviso, le bulletin de Générations Le Pen, vient d'offrir quatre pages (sur huit) à Bruno Gollnisch, qui y publie un article sur le Japon, «société libérale à sa façon».
Au bureau politique, le calme est revenu depuis l'exclusion de Jacques Bompard, qui menait la fronde contre Jean-Marie Le Pen, assure Jean-Lin Lacapelle, récemment nommé dans cet organe. Il faut dire qu'au sein de ce «parlement» du parti, le poids des opposants s'est considérablement réduit en même temps qu'augmentait celui des proches de Marine. Trois nouvelles recrues, dont deux au moins sont des fidèles de Marine, ont été nommées au bureau lors de la dernière réunion (le 19 juin) : Jean-Lin Lacapelle, conseiller régional du Centre et vice-président de Générations Le Pen, et Marie-Christine Boutonnet, qui fut l'adjointe de Bernard Antony, mais est actuellement secrétaire départementale du Tarn et collaboratrice de Louis Aliot, le secrétaire général. Quant au troisième nouveau membre du bureau, l'avocat Wallerand de Saint-Just, il a rejoint le FN par le biais de la mouvance catholique, l'Agrif et Chrétienté solidarité, que préside Bernard Antony. Mais il n'en est pas moins aussi lié à Marine Le Pen, qui l'avait appelé en 1995, alors qu'elle était responsable des affaires juridiques, à devenir l'avocat du FN.
Déjà, au congrès de Nice, au printemps 2003, Jean-Marie Le Pen avait fait entrer au bureau politique un certain nombre de proches de Marine (Jean-François Touzé, Louis Aliot, Marie-Christine Arnautu et Olivier Martinelli). Et il avait nommé sa fille vice-présidente et membre du bureau exécutif.
Le Pen père est candidat, candidat il restera
Symétriquement, ceux qui frondaient contre le président et critiquaient le plus durement sa fille ont presque tous quitté le bureau politique : Jacques Bompard, maire d'Orange, a été exclu de cet organe en septembre dernier et a rejoint le MPF, Bernard Antony est démissionnaire depuis un an, Marie-France Stirbois, morte en avril dernier des suites d'une longue maladie, avait été suspendue en octobre 2005. On peut aussi noter le remplacement récent de Philippe de Beauregard, secrétaire départemental du Var, par ailleurs collaborateur de Jacques Bompard à la mairie d'Orange.
Selon un cadre du mouvement, c'est Marine Le Pen «qui est directeur de campagne de fait». Officiellement, Jean-Marie Le Pen s'est réservé la fonction de directeur de sa campagne présidentielle, attribuant à Marine le titre de «directeur stratégique» et à Bruno Gollnisch celui de «directeur opérationnel». En réalité, la direction stratégique englobe presque tout. La recherche des signatures, qui avait été confiée au député européen Fernand Le Rachinel, reste en principe dirigée par celui-ci. Mais dans la pratique, ce sont les amis de Marine qui s'en occupent. Dans la mesure où ce sont les responsables des fédérations et les élus qui sont envoyés en mission, il a paru normal que le secrétariat général soit chargé de la partie opérationnelle. Celle-ci est donc supervisée par Louis Aliot et Jean-François Touzé, l'un et l'autre fidèles de Marine.
La montée en puissance continue de Marine Le Pen, sa présence dans les médias, n'ont sans doute pas dissuadé Bruno Gollnisch de briguer un jour la succession de Jean-Marie Le Pen. Ses partisans se disent certains qu'il faudra compter avec lui. Et vantent sa «machine intellectuelle, sa capacité de travail», notent qu'il «multiplie les déplacements en province». Il n'empêche que, pour l'heure, la rivalité avec Marine est occultée.
Quant à ceux qui croient que Jean-Marie Le Pen, que certains disent «fatigué», pourrait s'effacer devant sa fille pour l'élection présidentielle, «ils ne connaissent tout simplement pas la loi», observe Alain Vizier, le directeur de communication du FN. En effet, fait-il remarquer, les candidats sont obligés de tenir un compte de campagne dès un an avant l'élection, et celui-ci n'est pas interchangeable. Donc Le Pen père est candidat, candidat il restera.
Source : Le figaro.fr
