AVIGNON (Vaucluse) (Reuters) - Jouant la force tranquille face au ballet des présidentiables, Jean-Marie Le Pen se dit convaincu de pouvoir troubler la course à l'Elysée en 2007 et d'accéder au second tour, comme en 2002.
Le président du Front national, qui a effectué sa rentrée politique vendredi lors de l'université d'été des élus FN à Avignon, mise sur le "formidable mécontentement" des Français et les divisions de ses adversaires PS et UMP.
"Les Français en ont ras-le-bol, aucun des problèmes de fond du pays n'a été réglé: immigration, délinquance, situation économique et sociale", dit Bruno Gollnisch, numéro 2 du FN, à Reuters.
"Surtout, ils ne se sentent plus maîtres de leur destin. Je suis sûr qu'ils vont essayer, cette fois, quelqu'un qui tient parole et qui n'est pas lié au système", ajoute le délégué général.
Les politologues ne croient guère pour l'instant aux chances de Jean-Marie Le Pen, qui aura 80 ans en 2007, de rééditer le "séisme" de 2002, qui l'avait vu se qualifier pour le second tour aux dépens du socialiste Lionel Jospin.
La plupart jugent que l'avance dans les sondages du président de l'UMP Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal ou d'un autre présidentiable socialiste ne lui laissent pas le même espace.
Mais Jean-Marie Le Pen a répété tout au long de la semaine qu'il se voyait affrontant au second tour non pas Ségolène Royal mais Lionel Jospin, qui obtiendra selon lui l'investiture du PS. Un scénario idéal pour le dirigeant d'extrême droite.
De même, la candidature de Nicolas Sarkozy sera, selon lui, plombée par un autre ténor de l'UMP, "Jacques Chirac, Dominique de Villepin ou peut-être même Alain Juppé".
"LEPENISATION DES ESPRITS"
Sarkozy et Royal "sont des vedettes américaines qui occupent le devant de la scène, puisque l'on parle de spectacle, pendant que le public n'est pas assis", a-t-il insisté sur plusieurs médias.
L'état-major du FN note également que Jean-Marie Le Pen est crédité de 13% à 15% dans les sondages, contre 8% à 9% il y a cinq ans, et huit mois avant le scrutin. Il avait ensuite progressé régulièrement.
Jean-Marie Le Pen lui-même se sent porté par une "lepénisation des esprits", selon son expression, estimant notamment que Nicolas Sarkozy crédibilise ses positions sur l'immigration. En outre, la crise au Proche-Orient joue en sa faveur, ajoute-t-il.
Autre motif de satisfaction, son rival souverainiste Philippe de Villiers, "petit sous-marin de l'UMP", ne décolle pas dans les sondages.
Enfin, sa main tendue à son ex-lieutenant "félon" Bruno Mégret - bien qu'elle tarde à se concrétiser par une "union des patriotes" en vue des législatives - renforce l'idée d'une dynamique au-delà du FN.
"Non seulement je vois Jean-Marie Le Pen au second tour, mais je pense qu'il fera mieux qu'en 2002", insiste Bruno Gollnisch.
Les 150 élus régionaux réunis jusqu'à samedi soir à Avignon doivent débattre de sujets liés à leur expérience sur le terrain, des "dérives institutionnelles de la Ve République" aux contrats de projet Etat-région, en passant par la désintégration territoriale.
Dimanche, Jean-Marie Le Pen s'adressera à ses troupes lors d'un discours à l'occasion de la fête régionale des Tricolores, dans une manade de Camargue, à Saint-Martin-de-Crau.
Source : Boursier.com