Gollnisch condamné à 3 mois de prison avec sursis
Le numéro 2 du Front national a été condamné à 3 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour ses propos controversés sur les chambres à gaz, tenus en octobre 2004 au cours d’une conférence de presse à Lyon. Lyon Mag l’avait interviewé suite à cette polémique, dans son numéro de novembre.
Vous regrettez vos propos remettant en cause l’existence des chambres à gaz ?
Bruno Gollnisch : Mais je n’ai jamais nié l’existence des chambres à gaz ! J’ai simplement dit que relater ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale, c’était le travail des historiens. En rappelant que moi, je ne suis spécialiste que de l’histoire du Japon. Et je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de scandaleux à dire cela !
Et vos allusions aux origines juives de Henry Rousso, c’est aussi une simple remarque ?
Voilà ce que j’ai dit exactement : “Contrairement à ce que certains craignaient, Henry Rousso, historien estimable d’origine juive, directeur de l’Institut d’histoire du temps présent, engagé contre le révisionnisme (...), a rendu un rapport plutôt favorable à cette université”. J’ai dit cela pour montrer qu’il ne pouvait pas être suspecté de partialité envers Lyon III, comme certains l’en accusaient. Mais ce n’est pas plus agressif de dire ça que si on mettait en avant mes origines alsaciennes.
Mais avec ces dérapages, le FN reste un parti antisémite et négationniste !
Pas du tout. D’ailleurs, je tiens à souligner qu’en 50 ans de carrière, on reproche toujours à Jean-Marie Le Pen les deux mêmes affaires. L’affaire dite du “détail” sur les chambres à gaz, sur laquelle il s’est largement expliqué. Et le jeu de mots Durafour crématoire. En plus, ces propos avaient été sortis de leur contexte. D’ailleurs, ça n’a pas empêché le Front national de monter en puissance au cours de ces années, pour atteindre le second tour de l’élection présidentielle en 2002.
Mais aujourd’hui, le FN est confronté à des divisions internes !
Je le regrette d’autant plus que ces divisions opposent le président du Front national à des amis qui me sont très proches : Marie-France Stirbois, que j’ai rencontrée à la faculté de Nanterre en 1968, mais aussi Jacques Bompard, le maire d’Orange, et Bernard Antony, que j’ai longtemps côtoyé au Parlement européen. Mais je crois que les divisions sont beaucoup plus profondes au Parti socialiste et à l’UMP.
Pour Le Pen, ces contestataires sont jaloux de l’émergence de sa fille, Marine !
Je ne pense pas que ça suffise à tout expliquer. Je pense par exemple que Marie-France Stirbois a trouvé injuste de ne pas figurer sur la liste du Sud-Est aux élections européennes. En revanche, je regrette que Bernard Antony ait quitté le bureau politique du Front national....
Vous pensez également que Le Pen soutient sa fille ?
C’est vrai que le soutien de son père lui a permis de prendre des responsabilités au sein du parti. Mais elle a aussi des qualités, notamment médiatiques. Ce qui peut permettre au Front national de séduire de nouveaux électeurs.
Mais elle a vivement condamné vos propos sur les chambres à gaz !
Je pense que Marine a réagi sous le coup de l’émotion, mais c’était sur la base de mauvaises informations, puisque je vous le répète, je n’ai jamais nié l’existence des chambres à gaz. D’ailleurs, elle a voté ensuite le texte du bureau politique du Front national, qui me soutient dans cette affaire. Tout en dénonçant la chasse aux sorcières politico-médiatiques dont je fais l’objet.
Reconnaissez que cette polémique vous permet de vous démarquer de Marine Le Pen en vous confortant auprès des militants de la base !
C’est vrai que les militants du Front national ont regretté le manque de solidarité d’une poignée de cadres du parti qui ont condamné mes propos. Mais il serait absurde de penser que c’est une stratégie de ma part pour me démarquer de Marine. J’ai fait cette déclaration pour dénoncer ce que je crois être une persécution politique à l’université, et c’est tout. D’ailleurs, ça n’a jamais été mon intention de diaboliser le Front national. Je vous rappelle que j’ai été le directeur de campagne de Jean-Marie Le Pen aux dernières élections présidentielles qui se sont déroulées sans problèmes.
Mais c’est ce genre de dérapage qui peut empêcher le FN de conquérir de nouveaux électeurs !
Est-ce que les gens qui en ont assez du système votent pour nous malgré la réputation qu’on nous fait ? Ou bien justement pour cette réputation ? C’est tout le dilemme. Moi je crois qu’il ne faut rien céder sur le fond. Et que notre discours ne doit surtout pas se normaliser. Car les électeurs veulent qu’on exprime ce qu’ils ressentent. Regardez Bruno Mégret, qui promettait qu’avec lui, le Front national ferait 30%, parce qu’il défendrait les mêmes idées que Jean-Marie Le Pen, sans les dérapages et avec des alliances. Eh bien, ça a été un fiasco total. Je crois que cet échec devrait servir de leçon à tout le monde.
Vous avez peur de vous faire doubler par Marine Le Pen ?
Je m’en fiche complètement ! Car pour moi ce qui compte, ce sont d’abord les idées et pas ma carrière personnelle. Contrairement à d’autres, je ne me rase pas tous les matins en me demandant quand je vais remplacer mon patron. Si je ne devenais jamais président du FN, ça ne serait pas un drame, pourvu que le mouvement continue.
Vous renoncez à la présidence du FN ?
Non, je n’ai pas dit ça. Quand la succession de Jean-Marie Le Pen sera ouverte, je serai candidat. Car je pense avoir un certain nombre de qualités qui me permettraient d’assumer cette responsabilité. Mais je ne suis pas pressé. Ce sera alors au congrès du Front national de trancher. Et à personne d’autre.
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