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Interview exclusif
22/03/2007 21:23
L'invité : Jean-Marie Le Pen |
SPÉCIALE 2007 Le président du Front National a accepté d'ouvrir le bal de la série d'entretiens que nous avons décidé de mener avec tous les candidats aux élections présidentielles de 2007, en tant que citoyens privés d'emploi et futurs électeurs. Préparée avec grand sérieux par son directeur de cabinet Olivier Martinelli, cette interview s'est déroulée chez M. Le Pen à Saint-Cloud dans une ambiance accueillante. Elle a duré environ 45 minutes, et nous l'avons retranscrite dans son intégralité.
Rénovation démocratique : Au second tour des présidentielles de 2002, vous avez récolté 18% des suffrages. Il s'avère qu'à l'Assemblée nationale vous n'avez aujourd'hui aucun député, et des voix se font entendre tant à gauche (Arnaud Montebourg…) qu'à droite (François Bayrou…) pour une rénovation institutionnelle. Etes-vous favorable à un changement de République ?
Jean-Marie Le Pen : J'ai déjà fait campagne pour la VIe République il y a plusieurs années : par conséquent, dans ce domaine-là aussi, j'ai une certaine antériorité. Les institutions, et pas seulement les institutions politiques, manquent chez nous de légitimité démocratique dans le sens où les gens qui en sont les bénéficiaires ont détourné les mécanismes électoraux pour assurer la pérennité de leur prébende et de leur place. C'est ainsi, par exemple, que Monsieur Raffarin a ignoré le célèbre adage disant qu'on peut tout faire avec une baïonnette sauf s'asseoir dessus : quand il a fait la réforme du scrutin régional, son but était d'empêcher Le Pen d'être président de la PACA (Région Provence-Alpes-Côte d’Azur). Mes adversaires ont réussi par d'autres moyens juridiques aussi discutables, mais quoiqu'il en soit, la modification de la loi électorale a fait perdre à M. Raffarin 18 régions sur 20. La même aventure est arrivée d'ailleurs à M. Berlusconi, qui a modifié la loi électorale à des fins très personnelles, ce qui lui a valu des conséquences à effet boomerang.
Prenons un conflit comme celui du CPE : c'était un dialogue de sourds, car on avait d'un côté une Assemblée nationale qui ne représente pas 50% des électeurs français, et de l'autre des syndicats qui ne représentent pas 10% des travailleurs français. Des conflits ainsi engagés ne peuvent déboucher que sur des opérations de force ou des décisions qui ne seront pas acceptées par le peuple, puisqu'il n'est pas partie prenante. Il y a donc tout un travail de reconstruction démocratique à faire, notamment dans la vie syndicale où les syndicats sont structurellement non représentatifs : quand le Front National a voulu se lancer dans la représentation syndicale et prud'homesque - pardon, prud'homale (rires) -, nous avons été condamnés et expulsés de ce secteur-là, qui est totalement réservé aux syndicats du système. Quand on pense que, soixante ans après la Deuxième Guerre mondiale, l'une des conditions de représentativité des syndicats c'est d'avoir résisté pendant la guerre, on se demande comment cette condition peut s'appliquer à tous ceux qui sont nés après…
Il faut revenir à des règles simples : une république représentative ne peut être qualifiée comme telle que si elle représente vraiment l'opinion des citoyens. À l'Assemblée nationale - et dans toutes les assemblées - il faut que l'opinion de tous les citoyens soit représentée, de l'extrême gauche à l'extrême droite : c'est ce que pensent les gens qui est important. Et quand on vous avance l'argument comme quoi il faut assurer la stabilité de l'exécutif, je suis désolé mais l'art politique consiste justement pour les exécutifs, à l'occasion de chaque problème, à trouver la plateforme suffisante capable de recueillir une majorité de suffrages, de façon à pouvoir attendre de l'opinion un soutien qui corresponde à l'opinion exprimée dans les assemblées. L'UMP aujourd'hui a 364 députés, une écrasante majorité qui ne représente pas une majorité de l'opinion. Les lois que vote l'UMP ne peuvent donc pas être respectées.
Rénovation démocratique : Alors pour 2007, on prend le même schéma et on recommence...
Jean-Marie Le Pen : Absolument. Mais les voix qui s'élèvent pour la proportionnelle ne sont pas toutes innocentes. Le seul politicien qui mérite ce titre (avec ce que cela représente de positif et de négatif) était François Mitterrand. Quand Mitterrand a établi la proportionnelle en 1986, il ne l'a pas fait pour le Front National (qui a pu constituer alors un groupe parlementaire fort de plusieurs dizaines d’élus, NDLR). Il l'a fait parce qu'il s'est aperçu qu'avec le scrutin majoritaire le Parti socialiste était balayé : dans ces conditions, il était essentiel qu'il conserve en tant que Président de la République une minorité parlementaire - de 120, 130, 140 députés - et c'est pour cela qu'il a établi la proportionnelle, qui lui a garanti cette minorité. Ce sont des calculs où la "politicaillerie" l'emporte sur l'intérêt général.
Rénovation démocratique : Ne pensez-vous pas que, outre le fait de faire partager votre programme à une majorité de Français en 2007, le principal obstacle à votre élection soit votre âge ?
Jean-Marie Le Pen : Je ne crois pas. On n'a que l'âge de ses artères ! J'avais eu l'occasion de dire cela à Monsieur Léotard (François, NDLR) qui, lui aussi il y a quelques années, parlait de mon âge, et trois mois après il avait un quadruple pontage et disparaissait de la vie politique. Je suis plus jeune que le Pape, que Monsieur Moubarak, plus jeune que ne l'était Clemenceau il y a un siècle quand il a été d'abord le Tigre, puis le Père la Victoire. Ce n'est pas une question d'âge, c'est une question de capacités physiques, mentales et morales. Il suffit de savoir si on est capable de le faire. Parce que, voyez-vous, il y a une chose essentielle : c'est que notre monde politique - même syndical ou culturel - n'a pas encore appréhendé aujourd'hui l'un des phénomènes sociaux les plus importants qui ne s'était jamais produit dans l'histoire du monde : il s'agit de l'allongement de la durée de vie. Cela a transformé en l'espace d'un demi-siècle tous les problèmes, y compris moraux : la fidélité conjugale, la stabilité familiale, les transferts successoraux, tout cela n'a pas le même sens selon que l'on vive 40 ans ou 90 ans. Or nous gagnons un trimestre de vie par an. Les politiciens qui nous gouvernent, les syndicalistes, n'ont pas perçu que l'allongement de la vie allait se traduire par une augmentation considérable du nombre de retraités, et par conséquent du poids des prestations. Il eut été sage à ce moment-là de se dire, compte tenu de l'évolution mondialiste de l'économie, qu'il allait falloir travailler de plus et plus longtemps, puisque nous serions moins nombreux à cotiser et plus nombreux à toucher. La retraite étant à 65 ans, il eut fallu progressivement la porter, comme le font d'ailleurs tous les pays sous le poids de la nécessité, à 67, 68, 70 ans, aussi longtemps qu'il fallait si on voulait conserver le même niveau de retraite. Au lieu de cela, on a fait l'inverse et mis la retraite à 60 ans, puis rajouté les 35 heures sous le prétexte de partager le temps de travail, alors que nous sommes dans une évolution contraire.
Je ne fais pas un métier à proprement dit qui soit contenu dans une limite d'âge comportant une activité et une retraite. À bientôt 78 ans, je sers un idéal, et par conséquent je n'ai pas de limites.
Rénovation démocratique : Quel est votre sentiment sur le bilan de Nicolas Sarkozy en tant qu'homme de gouvernement, ministre de l'Économie ou de l'Intérieur, président de l'UMP, et candidat potentiel en 2007 ? Quel regard portez-vous sur cet homme politique ?
Jean-Marie Le Pen : Je crois le définir en disant que c'est un jeune cheval sur le retour. Parce qu'il se présente comme un "homme nouveau" alors qu'il a occupé depuis trente ans, à tous les niveaux politiques, des responsabilités importantes : maire, conseiller général, député national ou européen, secrétaire d'État, ministre, chef de parti… Et par conséquent, il se présente aujourd'hui comme un "homme de rupture" tout en ayant toujours un godillot dans le gouvernement et une ballerine dans la rupture. C'est un personnage qui me paraît tout de même équivoque, excellent communicateur, d'une très grande activité (pour ne pas dire activisme), ce qui lui assure une omniprésence dans les médias avec l'inconvénient que peut avoir le "too much", c'est-à-dire qu'à un moment donné il peut y avoir surexposition du personnage. Moi je trouve qu'il ressemble un peu à un écureuil dans une cage ronde qui court, qui court, qui court... Il court beaucoup, mais il fait du surplace. De plus, une politique se juge à ses résultats. Même quand la mise en scène est bonne, on est obligé de constater qu'en ce qui concerne les résultats des politiques qui dépendent de M. Sarkozy, il n'y a pas eu d'évolution positive. Dans le domaine de la sécurité, qu'elle soit collective ou individuelle, les progrès sont extrêmement minces. Et s'il a pris parfois quelques décisions qui allaient dans le bon sens, c'est toujours d'une manière très insuffisante parce que s'attaquant non pas aux causes profondes des phénomènes mais à leurs conséquences visibles. Il en est ainsi pour le chômage, pour la sécurité. Si l'on ne traite pas les grandes raisons, les grands handicaps qui pèsent sur l'économie française, il est bien évident qu'on ne résout aucun des problèmes.
Je prends l'exemple de sa loi sur l'immigration qu'il présente en ce moment. Monsieur Montebourg, à l'Assemblée nationale, lui a rappelé au sujet du regroupement familial : "Monsieur Sarkozy, vous disiez il y a trois ans, je vous cite, qu'il serait inhumain de ne pas permettre aux familles de se rejoindre. Vous dites exactement l'inverse aujourd'hui, vous êtes à géométrie variable". C'est vrai ! Or Gollnisch (Bruno, Délégué général du Front National, NDLR) vient d'assister à une conférence de presse dans laquelle il a pu constater que ce que Sarkozy présente comme une réforme mûrement réfléchie n'est à 85% que la traduction des directives européennes ! Autrement dit (rires), il exécute ce que le gouvernement aurait du faire depuis longtemps dans le cadre européen, et sur lequel j'émets personnellement toute réserve. Ce ne sont donc pas des "idées nouvelles" de Monsieur Sarkozy : c'est l'obligation dans laquelle se trouve la France d'exécuter les directives de l'Europe. Alors, il bluffe. C'est un bluffeur talentueux et je ne crois pas qu'il aille très longtemps très loin... à lui de nous démontrer le contraire.
Rénovation démocratique : Trouvez-vous qu'il a bien géré ce qui s'est passé dans les banlieues au mois de novembre ?
Jean-Marie Le Pen : Mais pas du tout ! Pas du tout ! Comment peut-on accepter le bilan des banlieues sous le prétexte simplement que ça aurait pu être pire et déboucher sur la guerre civile ? À tout prendre, il valait mieux que ça débouche sur une guerre civile en novembre que dans deux ans car là, ce sera beaucoup plus grave ! Voyons : 40.000 voitures brûlées, trois semaines d'émeutes qui ont défiguré la France aux yeux du monde... L'ordre devait être rétabli au bout de 48 heures : "Maintenant, les enfants (il claque les mains), finie la récréation !", à partir de ce soir l'ordre sera maintenu, et ceux qui s'y opposeront en subiront les conséquences. Mais il a estimé son bilan très favorable parce que, dans le fond, il n'y a pas eu de blessés parmi les manifestants. En revanche, il y en a eu beaucoup parmi les policiers. Pourquoi ? Parce que les policiers étaient tenus à une distance telle que les manifestants ne risquaient rien. C'est là un calcul très grave. Quand on est jeune, c'est toujours rigolo de foutre des pavés sur la gueule des flics. Bien sûr, je ne dis pas ça de tous les jeunes mais dans certains quartiers c'est assez marrant, cette espèce de rébellion sans risques. Sans risques ! Et comme cette fois il ne leur est rien arrivé, le prochain coup ils iront plus loin. Gageons que s'ils vont jusqu'à Neuilly, là, croyez-moi que le retour de bâton sera terrible. Et les jeunes auront le sentiment réel d'avoir été piégés et ils vont se dire : "Quand on faisait le barouf à St Denis, on nous laissait faire, mais dès qu'on arrive à Neuilly ou à Levallois-Perret, ça va mal !". Je trouve que les problèmes ont été esquivés, et qu'on a considéré que ça s'est résolu quand l'affaire s'est dégonflée et qu'il n'y a pas eu de casse.
Rénovation démocratique : Concrètement, si vous arrivez au pouvoir en 2007, qu'est-ce que vous comptez faire sur ces problèmes de banlieues : insécurité, chômage massif, manque de formation pour des centaines de milliers d'individus...
Jean-Marie Le Pen : On ne va pas résoudre ces problèmes-là en un coup de baguette magique. Lors de ma dernière campagne électorale, j'avais demandé - ce qui était très modeste - que l'on construise 100.000 places de prison en plus. Parce qu'au bout d'un système pénal, il y a évidemment la purgation de la peine. Ça ne sert à rien d'avoir des policiers qui arrêtent et des magistrats qui condamnent si au bout du compte, les gens ne sont pas sanctionnés.
Rénovation démocratique : ... Mais là, vous ne vous intéressez pas à la cause mais à ses effets.
Jean-Marie Le Pen : Si si, attendez. (Il poursuit) Or actuellement, les gens qui sont condamnés à moins d'un an de prison ferme ne peuvent pas aller en prison car il n'y a pas de places. Nous avons 50.000 places de prison pour 65.000 détenus, et il y en a 35.000 de plus qui sont dans la nature et qui devraient être sanctionnés. La peine n'ayant plus aucun caractère dissuasif, l'État apparaît comme exerçant des menaces sans risques.
Rénovation démocratique : ... D'accord, mais c'est uniquement l'aspect répressif que vous évoquez.
Jean-Marie Le Pen : Je sais bien qu'on nous raconte depuis trente ans qu'il y a autre chose que la répression, il y a la prévention… L'expérience prouve que la prévention a été suffisamment mal faite pour ne pas porter de fruits. La preuve, c'est qu'il faut en arriver à la répression, et comme on n'ose pas faire de la répression courageuse, l'État recule au détriment de l'immense majorité des honnêtes gens. Ce sont les voyous et les violents qui font la loi parce qu'en face d'eux ils ne rencontrent pas la violence légale - qui est la seule qui soit admissible -, c'est-à-dire la violence de l'État ayant pour but la défense de l'intérêt général.
Rénovation démocratique : Mais quelles sont les solutions du Front National pour remettre au travail toute cette jeunesse, lui assurer une formation...
Jean-Marie Le Pen : J'ai dit, et d'ailleurs cela a choqué certains de mes partisans, que j'avais pitié des jeunes de la banlieue. J'avais pitié d'eux parce que je me disais : éduqués comme ils l'ont été (si j'ose dire…), analphabètes ou illettrés pour beaucoup d'entre eux, mal formés, ces gens-là sont condamnés à être demain ou des bandits dans le meilleur des cas, ou des terroristes dans le pire des cas. Ils ne trouveront pas de travail. Quand on n'a pas suivi l'école, quand on n'a pas suivi l'encadrement, les disciplines sociales et morales...
Rénovation démocratique : ... Oui, mais là on parle de centaines de milliers d'individus qui ne peuvent pas tous être des bandits et des terroristes en puissance.
Jean-Marie Le Pen : Si si, on les aura : 100.000, 200.000, 300.000 émeutiers. Oui, on les aura.
Rénovation démocratique : Mais vous concrètement, si vous êtes au pouvoir, qu'est-ce que vous allez faire ?
Jean-Marie Le Pen : Encore une fois, c'est une réforme générale : on ne peut pas résoudre le problème des banlieues si on ne résout pas le problème de l'immigration. Quelle est la cause de la surpopulation juvénile des banlieues ? C'est qu'on a laissé entrer en France depuis trente ans dix millions d'étrangers, qui continuent à entrer d'ailleurs librement sans que nous soyons capables de leur donner le seul élément réel d'intégration qui est le travail ! On est obligés de les prendre à notre charge, donc à celle des contribuables français, dans un pays qui a déjà cinq millions de pauvres ; on est obligés de leur donner le logement...
Rénovation démocratique : ... Mais ces jeunes de banlieues sont français, eux aussi.
Jean-Marie Le Pen : Non, pas quand ils arrivent ! Je le regrette beaucoup, pour ma part...
Rénovation démocratique : ... Mais qu'est-ce qu'on fait concrètement. Aujourd'hui, ces jeunes sont français ! On ne peut pas laisser en l'état ces poudrières aux frontières de nos villes.
Jean-Marie Le Pen : Les poudrières ne sont pas qu'aux frontières, elles sont à l'intérieur. Les derniers événements de novembre ont impliqué 300 villes différentes ! Il y a une situation de fait. Mais la première des choses, avant de commencer à pomper l'eau dans un bateau, c'est de boucher la voie d'eau. Ça ne sert à rien de sortir 1 litre d'eau à la minute s'il en rentre 50. Or actuellement, et ce n'est pas moi qui parle, c'est le sénateur Othily, sénateur noir de Guyane, président de la Commission d'enquête parlementaire du Sénat sur l'immigration, qui dit : "C'est une catastrophe nationale, il entre en France tous les ans 300.000 légaux, et 600.000 illégaux". Comment allons-nous faire ? Il est vrai que sur le plan individuel ça serre le cœur. Je pense à une famille kurde qu'on a expulsé d'un hôtel où ils étaient logés à nos frais : la DDASS ne voulait plus payer et ils sont dans la rue. Alors on nous dit : "Comme c'est malheureux, comme c'est triste", mais ils vont être comme ça des dizaines de millions ! Quand Messieurs Zapatero et Berlusconi régularisent chacun le mois dernier 700.000 clandestins, ils leur donnent des papiers européens qui leur permettent de s'installer chez nous comme ils veulent. Ils ne sont même plus des clandestins, ce sont des gens munis d'un titre de séjour mais qui ne seront pas en mesure de gagner leur vie dans un ensemble européen qui est aujourd'hui le plus mal loti du monde en matière d'emploi et de croissance !
Quand on nous a proposé l'Europe (et je vous rassure tout de suite : je suis probablement le seul homme politique vivant qui ait voté contre le Traité de Rome en 1957 au Parlement), on nous a dit que l'Europe suppose d'abandonner toute souveraineté nationale mais qu'en échange nous aurions la sécurité, la prospérité, le développement, la recherche... Nous nous retrouvons aujourd'hui avec une croissance européenne inférieure à 2% alors que la croissance moyenne dans le monde est de 5%.
Rénovation démocratique : Est-ce le fait de l'immigration ?
Jean-Marie Le Pen : C'est le fait de l'Europe et de l'ouverture générale des frontières, et de l'immigration massive du tiers-monde. Ces millions de gens vivent avec quel argent ? Ils vivent avec l'argent des Français. Il est bien évident que l'argent qu'on dépense en leur faveur n'est pas dépensé pour nos chômeurs, nos vieillards...
Rénovation démocratique : Pourtant, aux États-Unis, il y a 40 millions d'Américains d'origine hispanique qui sont régularisés alors qu'ils viennent de pays très pauvres.
Jean-Marie Le Pen : Et qui travaillent à 90%, alors que les immigrés non clandestins qui rentrent chez nous travaillent à 5% ! Et pour les clandestins, c'est encore bien pire ! C'est très différent car les Etats-Unis sont un immense pays dont l'immigration est beaucoup moins différentielle que la nôtre. Prenons un cas concret : cette première minorité d'immigrés hispaniques est chrétienne alors qu'une grande partie des nôtres sont musulmans. C'est un élément de la vie sociale qui me semble important, car cette communauté est plus difficile à intégrer non seulement parce qu'il n'y a pas de travail (qui est le grand intégrateur, tout comme l'armée et le service militaire), mais aussi pour des raisons culturelles et religieuses. Mais vous savez, les États-Unis procèdent aussi de manière assez hypocrite car leurs barrages sont faits de telle manière que pour les franchir, il faut être jeune, costaud et en bonne santé, c'est-à-dire être capable de bien travailler. Il faut quand même les franchir, et tout ce qui ne passe pas, même la famille, reste de l'autre côté. C'est très malin. Et puis les États-Unis ont du travail à leur offrir, donc très rapidement ces gens s'intègrent même quand ils sont clandestins.
Rénovation démocratique : Concernant la lutte contre le chômage, quels arguments développera le Front National à l’occasion des élections présidentielles de 2007 ?
Jean-Marie Le Pen : Le Front national ne développera pas… C’est moi le candidat. Ce sera un programme relativement restreint. Dans l’état dans lequel se trouve le pays, on ne peut pas avoir la prétention de redresser la situation et de régler tous les problèmes en quelques années. C’est un peu comme quand on fait le diagnostic d’un polytraumatisé après un accident de moto, la première des préoccupations est de savoir ce qui est vital : faut-il soigner les yeux, le cœur, arrêter l’hémorragie ? Car voilà la situation dans laquelle se trouve le pays.
Le chômage en France est la conséquence de plusieurs facteurs. J’ai cité l’immigration : il est évident que quand les immigrés trouvent du travail, ils le prennent aux Français. Et comme nous n’avons pas suffisamment de travail à offrir à nos compatriotes… Moi, je vous parle comme un national, c’est-à-dire comme quelqu’un qui pense que, dans ce pays, le national a plus de droits que les autres. Et il a plus de devoirs aussi, car il vit sur un patrimoine enrichit par le travail et l’intelligence de générations qui se sont succédées, et se sont sacrifiées pour arriver au niveau de prospérité, de sécurité et de redistribution qui est le nôtre.
Il y a un autre élément que l’on a pas encore abordé, c’est la formation. Quand Pompidou a favorisé l’entrée des immigrés, c’était pour faire pression à la baisse sur les salaires des activités manuelles, et je m’y suis alors formellement opposé ! Notre ambition à nous, c’est d’arriver à un système de justice sociale où le travailleur est récompensé au prorata de l’utilité du travail fourni. La justice sociale consiste donc à réduire l’écart entre les rémunérations du travail manuel et les rémunérations du travail intellectuel. Hors, par une aberration, on a ouvert l’accès sans contrôle à l’enseignement supérieur, comme si c’était un droit, sans prendre en considération les emplois disponibles, présents et à venir. Et quand on se retrouve avec 5.000 étudiants en sociologie, il est évident que nous n’avons pas besoin d’autant de sociologues ! Nous manquons de cuisiniers ou de médecins. On en a pas assez ! Aujourd’hui, nous faisons appel à des médecins étrangers, traités dans des conditions assez injustes d’ailleurs, qui n’ont peut-être pas tous la qualification requise. Quand il y avait des concours, le fils de gendarme ou le fils de marin pêcheur, que j’étais moi-même, était placé dans une compétition équitable pour l’emploi. Mais, quand tout le monde a le bac, quand tout le monde a une licence ou une maîtrise, eh bien, ce sont les relations professionnelles de papa ou de tonton qui fournissent l’emploi.
Rénovation démocratique : On a évoqué les thèmes de l'immigration et de la formation générale, mais aujourd'hui c’est tout de même la pénurie d’emplois qui créée le chômage, non ?
Jean-Marie Le Pen : Considérez que nous avons des frontières ouvertes. Comme les frontières sont ouvertes, la rémunération du travail sera de plus en plus faible, car il y aura toujours un Polonais, un Russe, un Tchétchène ou un Chinois qui fera pour le quart du SMIC ce que vous faites actuellement. On ne pourra pas maintenir le SMIC ! Ce ne sera plus un salaire minimum, mais un salaire maximum ! Il faut donc rétablir nos frontières et établir des droits de douane modulables. Il ne s’agit pas de reconstruire la ligne Maginot, comme on nous le reproche souvent : "Vous allez entourer la France de remparts". Jamais de la vie ! Les frontières, c’est comme des fenêtres, en fonction de la température ambiante, elles sont ouvertes, entrouvertes ou fermées. Et bien là, nous avons comme proposition d’imposer des droits de douane modulables et remboursables. Prenons un exemple : les Chinois nous exportent pour un milliard d’euros de produits (enfin, on leur achète pour un milliard d’euros de produits). Nous les taxons à 25% et nous leur ouvrons un crédit du même montant pour acheter des produits français. On ne leur confisque pas leur argent, on leur dit tout simplement : "Vous pouvez le récupérer si vous achetez chez nous". Autrement, on voit le résultat ! Nous avons vu disparaître, au fur et à mesure que nous avancions sur le chemin de l’européisation et de la mondialisation, nos aciéries, nos chantiers navals, et même notre agriculture… On nous a dit : "C’est la nouvelle répartition des tâches dans le monde qui veut ça…". Mais qu’est-ce qu'il va nous rester à nous ? Nous allons peut-être même perdre un jour notre autonomie alimentaire !
Quant au problème de l'énergie, je voudrais dire que s’il se passe quelque chose de grave en Iran, même si l'on écarte la perspective de la guerre, la tension sur le marché du pétrole peut amener son cours à 200 ou 300 dollars le baril. Et là, c’est toute l’économie occidentale qui s’effondre. Alors, Monsieur de Villiers peut bien dire qu’il faut empêcher par tous les moyens l’Iran de se doter de la bombe atomique, moi je dis, mon Dieu, essayons de ne pas reproduire l’affaire irakienne !
Rénovation démocratique : C'est sur ce point que vous divergez avec le MPF (Mouvement pour la France) de Philippe de Villiers, et qui rend improbable toute dynamique électorale commune ?
Jean-Marie Le Pen : Ça n’a pas beaucoup d’importance, vous savez… de Villiers ne pèse pas lourd. Ce n’est pas un problème !
Rénovation démocratique : Mais il chasse sur les mêmes terres que vous…
Jean-Marie Le Pen : Je ne suis pas naïf ! Je sais bien que Monsieur de Villiers, qui a toujours apporté depuis 20 ans ses voix à la majorité, n’est pas là pour me servir ou servir le pays, mais pour servir la majorité.
Rénovation démocratique : Pensez-vous que vous serez à nouveau au second tour des présidentielles ?
Jean-Marie Le Pen : Même au troisième ! (rires) Je pense très sincèrement que je serai au second tour. D’ailleurs, les observateurs le pensent aussi. Mais ce n’est pas ça qui est important. J’ai lancé l’idée d’une union patriotique pour remporter les élections présidentielles. On me dit : "Vous savez, Monsieur Le Pen, vous ne pourrez pas gagner face à Ségolène Royal". Madame Royal, c’est moi qui en ai parlé le premier, il y a deux ans. Elle a un bon profil de candidate. (Jean-Marie Le Pen a en effet pronostiqué la candidature de la présidente de la région Poitou-Charentes dans une interview accordée au Parisien en 2004, NDLR)
Mais ce qui est important, ce n’est pas que Le Pen soit Président de la République. Ce qui est important, c’est que je représente la volonté de millions de Français, convaincus qu’on ne peut plus continuer dans cette voie. Et je leur demanderai par référendum : "Êtes-vous prêts à prendre le risque de faire 5% ou 6% de croissance ? Mais pour cela, il va falloir lâcher un certain nombre de choses qui sont aujourd’hui de fausses protections". Moi, j’appelle ça le syndrome du scaphandrier cycliste ! Le type est équipé d’un scaphandre, d’un parachute, d’un masque à gaz, de genouillères… mais il ne peut plus monter sur le vélo et pédaler ! Toutes ses protections l’ont asphyxié, l’ont tué ! Il faut redonner de l’élan à notre économie. Pour cela, nous ne pouvons pas jouer dans le cadre de la mondialisation face à des monstres économiques et politiques. Parce que si la Chine est capable de faire ce qu’elle fait, c’est qu’elle a donné une impulsion libérale à son économie et imposé une férocité sociale à son travail. Le gars, il bosse 14 heures par jour et gagne 5 dollars. On ne peut pas concurrencer ça ! Pour sauver l’essentiel, chez nous, je crois qu’il faut rétablir notre capacité de décider. Voyez ce qui se passe actuellement : nous ne pouvons même pas choisir le montant du taux de TVA sur la restauration ! Dans ces conditions, comment peut-on prendre de vraies mesures de relance ?
Je gouvernerai avec les référendums de l’Article 11 (Jean-Marie Le Pen fait référence à une disposition de la Constitution française, NDLR) et on posera des questions sur lesquelles les Français auront à se prononcer. "Pensez-vous qu’il faille faire cesser l’immigration pour résorber déjà la masse énorme de gens dont on est incapable de s’occuper aujourd’hui ? Oui, ou non". Si il y a 80% de oui, on prendra les mesures qu’il faut. Lesquelles ? Couper les pompes aspirantes ! On dira aux gens, voyez-vous, il y a beaucoup de misère dans le monde, mais nous, nous sommes chargés de résorber la misère chez nous. Voilà ! Car nous ne pourrons aider les autres que si notre économie est performante. Et si nous ne sommes pas performants, nous ne pourrons vous aider d’aucune manière. Il faut rappeler aussi que j’ai été le premier, en 1987, à proposer un moratoire sur la dette des pays sous-développés. Par conséquent, je n’ai pas l’esprit obtus sur ces questions-là. Je suis prêt à envisager un avenir de coopération. C’est sûr que j’ai aussi été le premier à reprendre le slogan américain «Love it or Leave it» (Aimez-la ou quittez-la, NDLR). On garde ici ceux qui aiment la France, ceux qui veulent travailler, ceux qui sont prêts à se battre pour elle. Mais pour les autres qui nous crachent à la gueule, qui pensent que nous sommes chargés de les nourrir, de le soigner et de les enseigner à l’œil, il y a un tas de pays où aller : le Canada, l’Arabie Saoudite… allez où vous voulez ! Si vous êtes un étranger et que vous rentrez chez nous, vous devez savoir que vous paierez ce que vous achetez. Nous ne vous accueillerons plus, nous ne vous soignerons plus, nous ne vous éduquerons plus, nous ne vous logerons plus gratuitement, c’est comme ça ! Certains diront : "Ah, ben, c’est triste ! Faudrait faire ceci, faire cela…". C’est ça ! Et, si tous les hommes du monde pouvaient se donner la main, on ferait une ronde… Mais, ce n’est pas ça la vie !
Je suis un des rares hommes politiques français à avoir connu différentes époques et formes de travail. J’ai été orphelin de guerre, boursier de l’État, mineur de fond, marin pêcheur, étudiant, dirigeant étudiant, officier de Légion étrangère parachutiste, jeune député, jeune dirigeant politique… J’ai une expérience de la vie et je pense savoir comment on peut faire accepter aux gens des solutions de sauvegarde et de sauvetage. Je parle le même langage qu’eux. Ils savent que je ne vais pas leur raconter de balivernes. Après tout, je pourrais aller promener ma vieille carcasse sous les tropiques et attraper un cancer de la peau (rires), car il y a toujours quelque chose qui vous attend au coin du bois (rires). Moi, je dis que la France n’est pas perdue. Elle a les capacités, mais là, elle est paralysée. Il y a beaucoup de gens dans la bourgeoisie qui pensent que c’est foutu. Et ils vont partir. Ils vont partir ! Et puis, il faut que les Français loyaux ne soient pas à la merci de gens qui débarquent chez eux pour faire la loi par la violence et par la force. Il n’est pas acceptable que les petites vieilles (et les autres) rasent les murs. Il n’est pas acceptable que l’on ne puisse pas rentrer chez soi, dans son HLM, parce qu’il y a cinq ou six fainéants qui se sont levés à midi, qui n’ont rien à foutre, et qui vous agressent… Ce n’est pas possible ! Vous seriez étonné de connaître le nombre d’immigrés qui sont en ma faveur. Même dans la rue, quand je passe, ce sont des gens qui me disent : "Monsieur Le Pen, il faudrait remettre un peu d’ordre maintenant. C’est vraiment le bordel ici". Beaucoup sont sincères.
Moi aussi, étant gosse, j’ai fait partie de ceux qui allaient dans les bals des communes d’à-côté pour chercher la castagne, pour se mesurer, comme des petits taureaux. Tous les peuples du monde font ça. Moi, ça ne m’épouvante pas ! Pas plus que les grèves des jeunes (on va bientôt chercher des enfants de maternelle pour entamer le débat démocratique !). Ce n’est pas l’activisme des jeunes qui m’inquiète ni même leur violence, c’est la passivité et la lâcheté des dirigeants qui ne font pas leur métier. Le problème des hommes politiques français, c’est qu’ils veulent être aimés. Ils se prennent pour des vedettes de cinéma. Ils veulent avoir les avantages du pouvoir et en plus, ils veulent qu’on les aime. Tout ce que l’on peut exiger d’un homme politique, c’est qu’il soit respecté. Parce qu’un vrai dirigeant est celui qui doit maintenir la communauté avec des disciplines contraignantes, qu’elles soient sociales, fiscales, militaires… Ce n’est jamais agréable de s’y conformer. On ne les accepte que si on vous explique à quoi ça sert et si la personne qui vous donne les ordres est devant à montrer l’exemple. C’est ma conception du monde, c’est ma conception de la vie. C’est-là que se trouve le ressort populaire, celui qui explique comment Marine (fille de Jean-Marie Le Pen, NDLR) a fait 35% des voix dans le bassin minier du Nord quand elle s’est présentée aux législatives. Parce que les travailleurs français aspirent à être ici chez eux et à être respectés. Mais aujourd’hui, ils ont l’impression qu’on va les bouter !
source : Rénovation démocratique
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Limogeage du recteur Morvan
21/03/2007 19:37
mercredi 21 mars 2007 Limogeage du recteur Morvan
Communiqué de Bruno Gollnisch
J’apprends avec satisfaction que le recteur Morvan a enfin été limogé après avoir sévi depuis 2002 au rectorat de Lyon.
L’ex-recteur, proche de Chirac, de ses méthodes et de ses obsessions, s’était fait le complice de certaines associations communautaristes ou extrémistes telles qu’Hippocampe ou le CRIF, ses seuls soutiens, mais qui ne représentent qu’une infime minorité de la communauté dont ils prétendent défendre la mémoire.
Déjà sur la sellette depuis 2004 en raison de son autoritarisme et de ses prises de positions, l’ex-recteur Morvan a cru pouvoir sauver son poste en se comportant à mon égard comme le pire des procureurs, ce qui a d’ailleurs conduit le Conseil d’Etat à le condamner en mars 2005.
Son limogeage est légitime. Le seul scandale de cette affaire est son caractère tardif, car dans beaucoup de domaines, les dégâts sont irréparables
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