Sarkozy doit quitter le ministère de l’Intérieur »
Marine Le Pen, vice-présidente du Front National.
Face à Ségolène Royal « qui n’a pas l’étoffe d’une femme d’État » et à Nicolas Sarkozy qui abuse de sa position de ministre de l’Intérieur, Marine Le Pen pense que son père a de bonnes chances de se hisser à nouveau au second tour de la présidentielle. Elle détaille ici quelques-unes de ses propositions économiques.
On parle beaucoup de « trou d’air » dans la campagne de Ségolène Royal. A-t-elle, selon vous, l’envergure d’un président de la République ?
Elle n’a pas la carrure d’une femme d’État et ça se voit. Tant qu’on était dans le débat avec des fiches comme à l’Ena, ça allait encore. Mais maintenant, il faut affirmer ses convictions, se montrer sûr de ses connaissances. Quand on lui demande : « Le Pen doit-il être candidat ? », elle répond qu’elle n’a pas d’opinion. C’est grave !
Vous pensez qu’elle ne va pas aller au bout ?
Je n’aime pas jouer les « Madame Irma », mais j’ai toujours été convaincue qu’en ne se présentant pas aux primaires du PS, Lionel Jospin se mettait en réserve de la République. En cas de catastrophe, il se tient prêt.
Sur Nicolas Sarkozy, vous dites, comme les Socialistes, qu’il utilise les moyens du ministère de l’Intérieur pour servir sa candidature ?
Évidemment ! À partir du moment où il occupe ce poste, il a accès à tous les instruments du pouvoir qui ont été détournés de leurs objectifs depuis des décennies. Quand je téléphone à n’importe qui, je sais que tout ce que je dis est écouté par les RG. Et s’il y a quelque chose d’intéressant dans ce que j’ai dit, c’est sur le bureau de Nicolas Sarkozy une heure après. Pour des raisons morales, Sarkozy doit quitter la Place Beauvau au plus vite.
Si Jean-Marie Le Pen ne se présente pas à la présidence du FN au prochain Congrès, à l’automne 2007, vous serez candidate ?
Oui, probablement.
Dans votre programme économique, vous proposez de surtaxer les produits venant des pays émergents pour préserver notre production et éviter les délocalisations. Face à une telle mesure, il y aurait forcément des représailles...
Plus précisément, nous proposons en fait un nouvel outil fiscal à nos partenaires européens qui résoudrait plusieurs problèmes. L’idée est de proportionner les droits de douane au niveau de protection sociale du pays exportateur. Et l’argent ne serait pas versé purement et simplement mais ouvrirait une ligne de crédit pour les marchés européens. Ainsi, on ne lutterait pas contre des importations face auxquelles on ne peut rien, mais en contrepartie, on s’assurerait de l’exportation. Ainsi, on forcerait les pays émergents à se hisser vers le haut. Si on ne fait pas ça, le salaire moyen dans un pays comme la France passera de 1 200 € par mois à 600 d’ici à 15 ans.
Autre proposition du FN : un revenu parental pour encourager les femmes à arrêter de travailler. C’est une solution pour lutter contre le chômage ?
Je précise qu’il sera valable aussi pour les pères. Mais nous savons bien qu’il intéressera plus les femmes qui aimeraient arrêter de travailler sans pouvoir le faire. Personnellement, j’ai Bac +5 et je suis avocate. Je suis une privilégiée. Je peux m’offrir Acadomia pour les devoirs des enfants. Mais la maman qui est caissière dans un hypermarché et dont le salaire sert tout juste à payer la nounou préfèrerait peut-être rester à la maison et s’occuper elle-même de ses enfants en percevant un salaire. C’est une liberté qu’on lui donnerait, pas une obligation.
Si Le Pen parvenait à nouveau au second tour, comment feriez-vous pour que 2002 ne se reproduise pas, autrement dit, pour que son score progresse ?
Nos adversaires ne sont pas les mêmes. Si Chirac, qui a toujours été idéologiquement proche des socialistes, s’est facilement attiré les voix de la gauche, il n’en sera pas de même pour Sarkozy. Autre hypothèse : Ségolène Royal est notre adversaire au second tour. Je ne vois pas beaucoup d’UMP voter pour elle vu ses déclarations sur les augmentations d’impôts. Dernière chose, la dédiabolisation est passée par là. Nombre d’électeurs qui ont voté Chirac en 2002 ont compris qu’ils se sont fait avoir et ne considèrent plus Le Pen comme l’homme à abattre.
source : économiematin.com