A 20h30 hier soir, la Commission nationale de contrôle en vue de l'élection présidentielle (CNCCEP) a évité le pilon aux professions de foi et affiches du président du Front national. Cette décision de l'organisme dépendant du Conseil d'Etat, si elle paraît anodine, était très attendue par toute l'équipe de Jean-Marie Le Pen pour des raisons financières mais aussi symboliques puisque la question tenait en trois mots : bleu, blanc, rouge.
La polémique portait sur l'article [R 27 du code électoral]url:http:// relatif aux affiches de campagne qui stipule que « les affiches ou circulaires qui comprennent la combinaison des trois couleurs : bleu, blanc et rouge [...] sont interdites. » Le but de cette mesure étant d'éviter la confusion entre communication électorale et affiches officielles. Exception à la règle : les logos des partis politiques. « C'est une tolérance, insiste Gilles Bachelier, le rapporteur général près la CNCCEP, qui dépend du Conseil d'Etat. Si le logo peut être bleu, blanc, rouge, il ne faut pas que cette dérogation soit détournée et que les trois couleurs s'imposent sur l'affiche. »
La version était un peu différente du côté du Front national : « La commission ne veut pas que le logo dépasse les 4 centimètres, ce qui n'est écrit nulle part, plaidait ainsi Marine Le Pen. D'autre part, ils contestent que la flamme soit l'emblème du Front national alors que c'est la « nouvelle flamme » qui est présente sur tous nos documents depuis déjà plusieurs années et que nous avons déposé à l'INPI [Institut national de la propriété industrielle, NdR]. »
Cravate trois couleurs
Le président du Front national avait déjà appelé l'attention des médias sur la question de son matériel de campagne lors d'une conférence de presse donnée hier matin, évoquant le précédant « débat » qui portait sur les couleurs de la cravate présente sur l'affiche, que le Conseil d'Etat avait vu, là encore, bleu, blanc, rouge. Prévoyant, Jean-Marie Le Pen avait amené l'accessoire pour le brandir aux photographes : « Vous voyez bien qu'elle est rose et grise ! » a-t-il commenté. A part, Marine Le Pen rapportait les péripéties de Jean-François Touzé, un de ses proches collaborateurs, obligé d'aller porter la-dite cravate à la CNCCEP pour vérification du colorie...
Il faut dire que la décision n'est pas légère : « A l'heure où je vous parle, 400 000 professions de foi sont imprimées par heure, nous confiait la fille du candidat. On est en train d'en sortir cinquante millions et celles à destination des territoires d'outre-mer sont déjà sous douane. » Or, la profession de foi reprenant l'affiche, elle tombe sous le coup de la loi électorale. C'était donc des millions de documents qui auraient été mis à la poubelle et, surtout, qui n'auraient pu arriver à temps chez les électeurs. Risque écarté donc mais qui n'empêchera pas le Front national d'afficher, pendant la dernière phase de la campagne des affiches « non officielles », « Le Pen pour une France bleu blanc rouge », noires sur fond beige avec, pour raviver l'image, trois petites touches de couleur...