JAMAIS le FN et Jean-Marie Le Pen n'avaient mis autant d'application à élaborer un projet qui se veut crédible et chiffré. Le « programme de gouvernement de Jean-Marie Le Pen » a été préparé par vingt « commissions d'action présidentielle », confiées à autant de cadre du FN, et coordonnées par le chef d'entreprise Thibaut de la Tocnaye, sous l'impulsion de Marine Le Pen. Il se présente sous la forme d'une plaquette de soixante-dix pages, préfacée par le président du mouvement.
Dans cette préface, Jean-Marie Le Pen se réfère à la « crise économique et sociale » à la « crise institutionnelle » et à la « crise de civilisation ». Il annonce, s'il est élu, qu'il engagera par voie référendaire « les grandes réformes indispensables ». Et de citer les « priorités suivantes » : « l'arrêt de l'immigration avec l'application du principe de préférence nationale et de codéveloppement, le renforcement de la justice avec des moyens accrus, la relance économique et le retour à la croissance par la suppression des contraintes qui pèsent sur les entreprises, particulièrement les PME, et une grande politique de la famille ». Le FN prône une réforme institutionnelle avec « la mise en place du scrutin proportionnel à toutes les élections ». La durée du mandat présidentiel serait ramenée à sept ans et il serait non renouvelable.
Le programme économique évalue par exemple à 18,5 milliards le gain de la suppression des « pompes aspirantes » (en réservant les aides sociales et allocations familiales aux seuls Français). Il attend aussi une économie fiscale de 6 milliards de la suppression des subventions aux entreprises. Celle-ci accompagnerait la « libération du travail de l'étatisme, du fiscalisme et du réglementarisme ».
Quatre tranches
Parmi les dépenses, la création du revenu parental aurait un coût net de 7 milliards, 3 milliards seraient consacrés à l'amélioration du niveau scolaire dans les écoles. La défense de la francophonie et la politique de « codéveloppement » coûteraient 3,1 milliards d'euros ; 10,8 milliards supplémentaires seraient affectés à la défense afin de financer l'augmentation des effectifs de 70 000 soldats engagés et les dépenses d'équipement, lesquelles entraîneraient en contrepartie 3,5 milliards de recettes fiscales induites. La « modernisation et l'humanisation de l'univers carcéral » coûteraient 3,45 milliards.
Sur le plan fiscal, le projet prévoit d'abaisser le taux d'imposition des plus-values de cession d'entreprise (10 % ou 15 % selon la valeur de l'entreprise). L'impôt sur le revenu serait ramené à quatre tranches taxées à 0 %, 10 %, 15 % et 20 %. Il y aurait également quatre tranches taxées aux mêmes taux pour l'impôt sur les sociétés et pour les droits de succession en ligne directe. Quant à l'ISF, la résidence principale en serait exonérée. Si le coût immédiat de ces mesures est estimé à 29 milliards, les rédacteurs du projet en attendent « un effet de relance sur la consommation et l'investissement » qui provoquerait un gain net de recettes de 9 milliards.
source : Le Figaro.fr