Cela veut dire qu’une démocratie comme la France tolère qu’on puisse écarter, grâce à des lois électorales d’un autre âge, un personnage politique qui représente au minimum 15% des électeurs.
Si un Poutine en avait fait la moitié du quart, nos hordes d’intellectuels français médiatropes, qui confondent aisément portefeuille et philosophie, auraient déjà bondi dans leurs bottes médiatiques pour pourfendre le diable russe, mais là, rien.
Regardez votre presse nationale qui sent bon la langue bien râpeuse : aucun article ne vient commenter ce qui est véritablement une honte pour notre démocratie :
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les appareils politiques du PS et de l’UMP verrouillent notre paysage politique au point qu’il est nécessaire, par le jeu des signatures, de recevoir un adoubement de ces messieurs pour espérer se présenter aux élections présidentielles.
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Les médias sont des chiens en laisse qui sont devenus incapables de comprendre la France qui les entoure : l’expérience calamiteuse du non au référendum européen en est un exemple parfait, le phénomène Le Pen en est un autre. Ils ne sont plus que la courroie de transmission des désirata des grandes cercles politiques du pays (François Bayrou en a eu l’amère expérience quand il a osé questionner la partialité de TF1).
Les grands défenseurs de la liberté d’expression ne s’expriment plus que sur des sujets convenus, où le risque est nul : on tape sur les cibles faciles - généralement étrangères - mais on évite soigneusement de toucher aux intérêts de ces messieurs (ou dames) d’en haut.
Le résultat est que les partis qui ne trempent pas dans les magouilles supposées du haut du panier républicain sont crédités de scores de plus en plus flatteurs, alors que les lois sont faites pour les écarter, et que les médias ne manquent aucune occasion de les descendre.
Cette démocratie contrôlée a comme seule conséquence de renforcer ceux qui pensent que la démocratie n’est plus le système le moins pénible mais un simulacre qui sert des intérêts partisans.
Si en 2007 Le Pen ne peut pas se présenter, ces derniers auront peut-être au bout du compte raison.
Comment, en effet, parler de démocratie, si un des premiers partis français ne peut pas - légalement - présenter son candidat ?