JEAN-MARIE LE PEN et sa fille Marine voient dans les derniers sondages la confirmation de tous leurs pronostics, la justification d'un « combat de trente ans » : à les entendre, le candidat du FN a de bonnes chances d'être au second tour de l'élection présidentielle, comme en 2002. « Je me prépare à gagner la bataille présidentielle, puis la bataille législative et donc à gouverner le pays », déclare le président du FN, interrogé par Le Figaro. Ses intentions de vote sont, assure-t-il, « le double aujourd'hui de ce qu'elles étaient en novembre 2001 ».
La situation est plus nuancée que ne l'affirme le président du FN (voir ci-dessous). Mais il reste que, dans l'ensemble, la situation du candidat du Front national dans les sondages est sensiblement supérieure à ce qu'elle était en novembre 2001. Et ses « opinions favorables », selon le sondage Sofres pour Le Figaro Magazine, sont de 17 % en novembre au lieu de 9 % en novembre 2001.
Jean-Marie Le Pen y voit la preuve d'« une très forte poussée de l'opinion » en sa faveur : « Tous les indicateurs sont dans le rouge, les Français sont pourchassés comme automobilistes, comme contribuables, comme fumeurs, que sais-je. ».D'où, selon lui, un « rejet d'un système que l'opinion crédite moins de perversité que d'impuissance ».
Et, selon Marine Le Pen, « cette montée dans les sondages » corrobore ce qu'elle avait « observé sur le terrain ». Le directeur stratégique de la campagne, considérant que les chances du FN sont généralement sous-estimées dans les sondages, affirme que son père se situe « entre 20 % et 22 % » des intentions de vote, et que « la plupart des hommes politiques sont d'accord sur ce chiffre ».
« Cela s'explique très bien », poursuit-elle : « Jean-Marie Le Pen fait le même constat depuis trente ans : sur l'immigration, sur la mondialisation, sur l'Europe, sur le pouvoir d'achat, sur l'école, etc. Il n'y a plus un homme politique qui ne lui donne quitus de ce constat. » « L'ensemble du constat » étant donc, selon elle, « acquis », elle en conclut que son mouvement dispose d'une « ouverture extraordinaire » pour « pouvoir consacrer sa campagne, non plus à dresser le constat, mais à expliquer son projet politique ».
Royal et Sarkozy « candidats du système »
La fille du président du FN voit aussi dans tout cela « la fin de la diabolisation » : « Comment nos adversaires pourraient-ils venir sur le terrain du FN tout en disant que c'est le diable », affirme-t-elle. C'est pourquoi elle croit qu'« un deuxième tour de l'élection présidentielle comme celui de 2002 ne peut pas se reproduire », faisant allusion aux manifestations qui avaient été organisées contre Jean-Marie Le Pen entre les deux tours de l'élection.
Cela n'empêche pas Jean-Marie Le Pen de se plaindre qu'il « n'y en ait dans les médias » que pour « les deux candidats adoubés du système », Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Et surtout pour Ségolène Royal : « On ne parle plus que d'elle : comment sont ses chaussures, la couleur de sa veste. »
Or, ne craint pas d'affirmer le président du Front national, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal « ne seront probablement ni l'un ni l'autre » au deuxième tour. « Ces deux visages apparemment nouveaux sont de vieilles lanternes. Il y a vingt-cinq ans qu'ils sont dans le circuit, ils ont été ministres, ils se sont associés à la politique menée par les gouvernements de droite ou de gauche. Ce sont les candidats du système. S'il y a un phénomène de rejet du système, comme je le crois, ils seront sanctionnés. »
Quant à ses parrainages, il affirme ne pas être « obnubilé » par cette question. Dimanche soir, sur France 5, il avait affirmé que le FN, s'il ne disposait pas de ses signatures, « prendrait sa revanche aux législatives » et « prendrait ses dispositions » pour « punir ceux qui n'auront pas rempli leur mission », c'est-à-dire la droite « puisqu'elle est au pouvoir ».
Source : lefigaro.fr
