La vérité en marche
Par Emile Zona (autochtone européen )
Seconde lettre au Président de la République
Monsieur le Président,
Il y a un an, je vous adressais, par le biais d’Internet, une lettre qui fit le tour des sites de notre beau pays et de ses belles régions. Intitulée « Je m’accuse », elle faisait écho à l’état du pays, à l’aveuglement des politiques et au doux sentiment des autochtones d’être moins égaux que les autres dans leur propre contrée. Un an après, je reprends ma plume car, Monsieur le Président, rien n’a changé !
Avant-hier, au cœur d’une cité, on commémorait la mort, regrettable s’il en est, de 2 « jeunes » qui fuyant la police décédèrent accidentellement dans un transformateur. Cet évènement avait mis alors le feu à toute une communauté. Chanteurs rappés et élus se sont ainsi retrouvés pour leur rendre hommage. et une stèle leur était dédiée comme on dédiait, dans la République d’autrefois, des statues aux grands hommes. Mais là, à ce moment personne ne pensa aux « français innocents » assassinés durant ces mêmes émeutes, aux policiers harcelés par des jeteurs de pierres, aux honnêtes citoyens pris en otage dans leur propre quartier.
Tout cela, Monsieur le Président, parce que cette République reste aveugle et impuissante, prisonnière des idées des Lumières, emmurée dans les pavés idéologiques de 1968. Personne non plus pour réclamer au Ministre de l’Intérieur qu’il fasse un peu le ménage dans ce que la nouvelle langue de bois a choisi de dénommer les “quartiers sensibles” comme il s’y était, à vos côtés, engagé. On utilise toujours plus d’extincteurs que de karchers … Les promesses n’engagent vraiment que ceux qui les reçoivent…
Quant à vous, n’entendez-vous pas la révolte qui gronde ? Monsieur le Président, les Français vous appellent, mais reste-t-il un abonné au numéro demandé. L’autre injustice flagrante, que ressent la jeunesse, est celle de se sentir vraiment discriminée. Je parle, Monsieur, de la Jeunesse de France, alsacienne, bretonne, niçoise, corse, occitane, de celles des régions de feu notre beau pays.
A en écouter certains, la vie ne serait difficile que dans les quartiers chauds. Ce simple fait légitimerait tout et même n’importe quoi ! Voilà pourquoi là-bas, certains jeunes font des voitures de sordides autodafés. Monsieur le Président, j’ai dans ma poche un briquet, celui avec lequel j’allume mes dernières cigarettes, celles du condamné ? Devrais-je à leur façon, l’utiliser autrement pour que vous m’écoutiez ?
La situation de l’emploi est pour nous autres autochtones, tout aussi difficile. N’en déplaise à ceux qui se disent « indigènes ». Ne parlons pas, non plus du logement, de la vie simplement. Pourtant nous n’avons ni grosses cylindrées, ni bijoux dorés, nous ne réclamons ni concerts gratuits, ni subventions supplémentaires mais simplement, décemment, le droit de vivre dans nos régions et pays. Quant au feu qui nous habite, il ne fait pas encore de nous des pyromanes.
Pour s’en sortir, certains d’entre nous ont créé des entreprises et là, belle surprise, le racket fiscal attend au coin de la rue. L’argent difficilement gagné repart ainsi vers les banlieues et l’impôt perçu part payer la casse. De cet état de fait, la jeunesse n’en veut plus. D’être discriminée pour être enracinée ici, elle paye le tribu alors que pour d’autres tout semble dû.
Monsieur le Président, je n’ai à me faire pardonner que d’être de ma région, Français autant qu’Européen, pourquoi ai-je l’impression d’être moins concerné par l’« Egalité » dont vous affirmez être le héraut? Tolérance, repentance, humiliation … La jeunesse n’en peut plus. C’est cette vérité qui avance aujourd’hui, une vérité que ni vous, ni ceux qui lorgnent votre place ne semblent vouloir entendre. Pourtant, Monsieur le Président, la vérité est en marche.
Je m’accuse toujours d’avoir cru aux discours « prometteurs » et vous Monsieur le Président, toujours rien à me dire ?
Emile Zona.
Source :site de jacques Vassieux http://jacques.vassieux.free.fr/modules/news/article.php?storyid=129